La vie à Morteaux-Coulibœuf durant la 1ere guerre mondiale

Le 8 août 1914, le Maire fait connaître au Conseil municipal, que conformément aux instructions préfectorales , il donne connaissance du Décret de mobilisation des hommes assujettis au service militaire.  Le Maire a engagé vivement tous les conseillers à prévenir individuellement ceux qu’ils croiraient ne pas avoir été touchés par le décret.

Tous les membres ont déféré aux observations de Mr le Maire et ont promis leur concours le plus empressé.


1° Installation d’un poste téléphonique à la gendarmerie de Morteaux-Coulibœuf

Le 8 novembre 1914, Monsieur le Maire donne connaissance au Conseil Municipal de la circulaire de Mr le Sous-Préfet ainsi conçue :
« En raison des circonstances actuelles, Mr le Préfet a été amené à examiner avec Mr le Commandant de gendarmerie la possibilité d’établir un poste téléphonique dans chaque brigade de gendarmerie du Département. Cette amélioration, appelée à décharger le service téléphonique, doit avoir actuellement comme dans l’avenir les plus sérieux avantages en ce qui concerne la bonne marche du service, la prompte exécution des ordres ainsi que la répression immédiate des délits.
Mr le Préfet a donc décidé que le téléphone devra être installé dans toutes les brigades de gendarmerie du département. Les dépenses seront réparties en proportion de la population entre les communes dépendant d’une même brigade.
La part d’abonnement afférant à notre commune pour la première année sera de 5 fr, pour la 2 ème  année, de 4 fr pour la 3ème année, de 3 fr pour la 4ème et les années ultérieures de 2 fr.
Je vous prie de vouloir bien  inviter votre Conseil Municipal à voter d’urgence le crédit très minime qui lui est demandé et de m’envoyer en deux exemplaires la délibération prise pour le 10 novembre au plus tard ».

Le Conseil après en avoir délibéré, considère la nécessité dans les circonstances présentes d’entretenir les communications les plus rapides possibles entre les centres administratifs, le commandement, les parquets et les brigades de gendarmerie et vu l’état des frais d’abonnement pour l’installation du téléphone à la brigade. En conséquence, il décide de participer annuellement à cette dépense pour la part indiquée sur l’état de répartition entre les communes desservies.


Difficultés d’approvisionnement

Le 7 août  1914, Le Maire expose au Conseil municipal qu’il y a un commencement de mobilisation pénurie de pain pour la population civile et militaire. Le principal boulanger de la commune est mobilisé, que son ouvrier va l’être incessamment et qu’il ne reste actuellement que le boulanger Lefèvre Georges qui lui-même sera appelé le 13éme jour de la mobilisation. Les boulangers des communes voisines étant partis ou devant partir immédiatement ; dans ces conditions, la Municipalité a de sérieuses craintes pour l’alimentation. Le Conseil Municipal pense qu’un seul boulanger ne peut suffire à l’alimentation de la commune et des petites communes voisines qui s’approvisionnent ici ; il y aurait donc lieu d’y adjoindre au boulanger Lefévre un réserviste. En conséquence, le Conseil prie Mr le Préfet de faire le nécessaire pour accorder un sursis de départ illimité au réserviste Lefévre Georges.
Pour l’alimentation de la boucherie et de l’épicerie, le Conseil Municipal émet des craintes. Le réserviste Delacour est indispensable. Il doit se présenter le 12éme jour de la mobilisation. Le Conseil Municipal croit utile d’attirer l’attention de Mr le Préfet sur ce point : Mr Delacour est l’homme énergique, intelligent et capable au besoin de diriger une coopérative.


3° Les aides

le 3 juin 1915, Le Conseil municipal prend connaissance de plusieurs pièces relatives à la « journée du 20 juin » concernant une quête pour l’œuvre de l’orphelinat de l’armée.
Le Conseil approuve hautement l’œuvre dont il s’agit ; mais considérant en outre que plusieurs quêtes successives ont déjà été faites dans la commune depuis la guerre, craint qu’une certaine partie du public se lasse et dans ce cas c’est souvent ceux qui seraient le plus en mesure  de donner qui se désistent.
Le Conseil Municipal désire cependant que la commune contribue  et afin que chacun paye suivant ses moyens, il décide de voter une somme de 150 fr  prise sur le budget primitif 1915 «  dépenses d’assistance aux vieillards, infirmes et incurables »

 Le 15 août 1915, le Maire appelle à l’attention du Conseil sur l’organisation de la « journée du Calvados » au profit des œuvres de guerre du Département et fait remarquer que pour s’adjoindre à la quête qui va être faite aujourd’hui dans la commune ; l’assemblée peut disposer d’une somme de 90 fr portée à l’article 4 du budget de la caisse des écoles pour 1915 et restée sans objet.
Considérant que cette somme provient d’une subvention communale à la caisse des écoles, le Conseil croit pouvoir l’utiliser en employant au profit des œuvres de guerres.

Le 25 mars 1917, suite à la demande d’agriculteurs de la commune en vue d’obtenir des semences de pommes de terre, Mr le Ministre de l’agriculture est prié d’attribuer à la commune une quantité totale de 100 quintaux de semences de pommes de terre livrables en gare de Couliboeuf. Le Conseil Municipal s’engage, dans les conditions prévues, à rembourser aux services de ravitaillement après la prochaine récolte de pommes de terre et au plus tard le 1er décembre 1917 (soit en nature ou en numéraire, suivant ce qui sera décidé) la valeur des semences ainsi cédées à la commune.
La dépense engagée et les avances à faire pour effectuer ces remboursements sont assurées de par la loi du 6 octobre 1916 sur la mise en culture des terres abandonnées et l’organisation du travail agricole pendant la guerre.

Le 16 décembre 1917, le Maire expose au Conseil Municipal qu’un certain nombre d’habitants de la commune se plaignent, soit de manquer de pommes de terre ou de n’en avoir qu’une quantité insuffisante pour passer l’hiver. Les quelques cultivateurs qui ont récolté une provision plus que suffisante à leur entretien veulent les vendre à un prix trop exagéré et souvent inabordable.
La Commune a la possibilité d’acquérir un wagon de pommes de terre de 10 000 kg à raison de 29 fr environ les 100 kg ou 10 fr la barattée, tous frais payés. Le Maire demande au Conseil Municipal l’autorisation de traiter un marché de pommes de terre dans ces conditions et l’ouverture d’un crédit suffisant sur le reliquat de 1917 afin de pouvoir payer la marchandise contre remboursement au moyen de l’avance qui leur sera faite par le Receveur Principal.


4° accueil de réfugiés

Le 23 août 1917, le Maire communique au Conseil Municipal une note de Mr le Sous-Préfet en date du 17 courant l’informant que la Commune aura à recevoir prochainement six rapatriés et à leur fournir le logement, les meubles et ustensiles de cuisine dont ils auront besoin.
Le Conseil, après examen de la situation, a fait remarquer que pas une seule maison n’est libre dans la commune ; ce qui n’est pas surprenant, attendu qu’elle loge déjà 85 réfugiés belges et français et 10 prisonniers de guerre et leur escorte.
Le Conseil regrette beaucoup de ne pouvoir recevoir les six rapatriés qui étaient destinés à la commune ; mais il ne répond pas complètement par une fin de non-recevoir, une autre commune plus privilégiée peut avoir des logements disponibles et le Conseil propose d’aider par une subvention en argent, à l’achat de meubles et ustensiles de cuisine qui seraient nécessaires.

Le 28 août 1917, le Maire expose au Conseil Municipal que la Commune va avoir incessamment une certaine quantité d’émigrés belges et français à loger et à nourrir.
Les dépenses de nourriture seront remboursées par l’État ; mais il appartient à la Commune d’en faire l’avance.
En conséquence, Le Conseil demande à Monsieur le Préfet d’autoriser le Receveur municipal à payer 1 000 fr, pour les sus dites dépenses sur les crédits communaux disponibles en ce moment, savoir :

  • Secours aux indigents (20 fr)
  • Entretien de chemins ruraux (895 fr)
  • Autres fêtes publiques (50 fr)
  • Entretien des bâtiments (35 fr)

Le Conseil Municipal, à l’unanimité, adopte ces dépenses.

Le 19 novembre 1917,le Maire rappelle au Conseil municipal que les crédits précédemment attribués pour le loyer de la maison qui sert à loger les prisonniers de guerre sont épuisés au 31 décembre prochain.
Comme il est probable qu’ils resteront encore dans la commune pendant toute ou une partie de l’année 1918, il prie le conseil d’aviser aux moyens de payer ce logement l’année prochaine :  Mr Louvet, propriétaire demande 15 fr par mois.
Le Conseil accepte ce prix et vote la somme nécessaire sur les fonds à provenir du reliquat de 1915 soit une somme de 180 fr.

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