La bataille de Morteaux-Coulibœuf des 16 et 17 août 1944

Point charnière de la poche de Falaise – Chambois

Extrait du livre “Nos plus longs mois (J + 76)” de François-Alexandre James

La bataille de Morteaux-Coulibœuf se déroule en plusieurs phases dont deux bien structurées dans le temps. Venant de Jort, la 1ère division blindée polonaise commandée par le Général Maczek s’est scindée en trois colonnes : en direction de Barou-en-Auge,Vaudeloges et Morteaux-Coulibœuf via Vicques.

Le 16 août vers 13 h, le combat du Beudron avec l’attaque réussie par la Division polonaise précédée par des éléments d’infanterie à l’Est de la Dives. La présence d’artilleries lourdes allemandes implantées au nord du Beudron de part et d’autre de la D 148 et dans le parc du château de Blocqueville a engendré une préparation de l’artillerie alliée particulièrement musclée. Une batterie polonaise située sur les Monts d’Eraines aux environs de Bernières d’Ailly a pilonné sans arrêt vers l’Est de la Dives pour appuyer la progression de la 1ère D.B polonaise venant de Jort. Le Caporal Stéphan Barylak qui fut longtemps Président de l’Amicale des Anciens de 1ère D.B a passé toute la nuit dans son char Sherman à proximité du carrefour D 39 et D 148.
Dans la soirée du 16 août, à la faveur de l’obscurité, une compagnie canadienne, en prévision de l’attaque de Damblainville, décide de se rendre au pont enjambant la Dives à Couliboeuf. Elle constate que celui-ci est intact et que l’ennemi avait disparu. Les Canadiens l’auraient occupé au cours de la nuit et la journée suivante.

Le 17 août, le combat des trois rivières à l’ouest dont le fait majeur est l’assaut de la 4éme D.B canadienne sur Damblainville qui a échoué avec pour objectif la cote 74 au lieu dit «les quatre barrières » située à l’extrémité Ouest de la commune.
Vers 16 h, la 4 éme brigade blindée canadienne descendant des Monts d’Eraines franchit la Dives sur les ponts du Grand Couliboeuf et Morteaux . Celui de Morteaux, plus récent et plus résistant que celui de Couliboeuf, a été abandonné intact par les allemands le 16 août.
La jonction devenant effective, les deux divisions blindées vont se diriger vers Trun puis Chambois avec un décalage d’environ 7 heures. En une nuit, la commune se retrouve totalement isolée du monde. En 48 h, plus de 5000 obus et 10000 obus anti-personnels furent déversés.

Pour freiner les contre-attaques allemandes du 18 août, l’état major allié prend la décision de faire sauter les deux ponts enjambant la Dives. Celui de Morteaux a été dynamité par le génie anglais le 20 août à 5 h du matin en même temps que ceux de Cantepie et Beaumais. Le pont du Couliboeuf fut épargné .

Malgré l’évacuation des habitants de la commune au-delà de la Dives à partir du 15 août, la population civile eut à déplorer 9 tués et plus de 40 blessés. Parmi les combattants 45 tués et autant de blessés sont à déplorer.

Morteaux a été fortement sinistré : de nombreux dommages ont été causés aux domaines publics et privés de la commune. Une maison fut entièrement détruite et 35 maisons eurent des dégâts partiels : soit environ 110 sinistrés.

A ce triste bilan, on ne peut oublier la mort du Capitaine Bob Cranmer, pilote américain de 24 ans dont l’avion s’est écrasé en flammes à Cantepie à la limite des Communes de Beaumais et Morteaux le 14 août 1944.

Six habitants de la commune furent récompensés pour leur dévouement pendant l’occupation et la bataille de la libération de la Commune.

Le château du Grand-Coulibœuf servira d’antenne chirurgicale aux troupes allemandes puis de cantonnement à un régiment canadien. Celui de Blocqueville sera réquisitionné pendant plusieurs années par différentes unités dont une batterie d’artillerie allemande et un état-major de la 1ère division SS Leibstandarte.

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